• Poupée de silence

    Poupée de silence

    [Photo : Louise Jane]

     

    Je ne parle pas, je me tais. Je reste loin, je m'approche peu. Combien de fois a-t-on pu me le reprocher.

     

    "T'es distante. T'es silencieuse. Tu viens rarement discuter. Eh dis, t'es sûre que t'es encore en vie ? Tu peux le dire si t'en as rien à foutre."

     

    Comme si je m'étais gênée jusqu'à présent... Morte ? Je sais que je lutte en tout cas. Je lutte et me débats. Grimpe. Tombe. Et je me dis qu'il va falloir que je recommence encore. Ce n'est pas le sujet, c'est vrai.

     

    Solitaire par la nécessité des choses, puis ensuite par aspiration. Sans compter que je suis ceinture noire en foirage de relation. Je ne donne pas ce qu'on attend et je donne ce qu'on attend pas. J'aime bien rester dans mon coin, silencieuse et effacée. Contrôler les intrusions dans mon monde et contrôler mes intrusions dans celui des autres. Observer. Comprendre. Le genre humain ? Certains jours, je ne sais plus. J'suis pas sûre d'avoir jamais compris.

     

    J'aspire à la paix et au silence. Je gère mal les bavardages incessants, histoire de combler l'espace entre notre vide et l'écho du temps qui passe. Écouter l'autre qui s'écoute, se questionne et se répond. Et puis, on m'a tellement bâillonnée avec les mots que j'avais à dire, je ne sais que les écrire. L'instinct de se taire comme l'instinct de se protéger quand la violence lève le poing.

     

    J'aime être dans mon recoin de rien, de solitude et de silence, c'est encore le meilleur endroit que j'ai trouvé pour dépoussiérer les morceaux de mon âme. Ou ce qu'il en reste. J'savais pas que ça flambait si bien. À quoi sert-il de dire "se brûler les doigts" puisque ce n'est jamais ça qui part en fumée ? Puisque pour aller mieux on effrite son âme jusqu'en user la sève ?

     

    Pardon, je m'égare. Encore. Non, je ne sais pas. Je ne sais pas trop aller vers les gens, ceux à qui je tiens, ceux que j'aime bien. Je sais prendre des nouvelles de temps en temps, papoter 5 minutes. Être là quand ça ne va pas, régulièrement. Je ne sais pas faire plus. Tout me gonfle, vite. J'aimerais pourtant. Je sais être muette et oubliée. Par habitude. Par servitude. Application désuète, trop de modifications dans le code source et le système devient erroné.

     

    J'ai toujours été comme ça, ça a toujours été à prendre ou à se barrer. Fissa. Je ne change pas pour les gens. Je m'améliore pour moi. J'essaie. Je ne suis qu'une poupée cabossée. Mille fois cassée et pas souvent recollée. Les poupées ne parlent pas. Les poupées se brisent et meurent.

     

    La communication a toujours été mauvaise depuis l'autre monde.

     

    Malia Rigazzo.

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