• Un jour peut-être

    [Photo : ??]

     

    Un jour tout s'arrêtera...

    Un jour, je paierais mon dû à cette vie passée, 
    J’arrêterai ce fétichisme morbide, 
    Mes souvenirs putrides, 
    M’ont volé ma vie éthérée.

    Un jour, je comprendrai que je mourrais seule, 
    Seule dans ma lie, 
    Celle où je me fuis, 
    Pour croire que tout va bien jusqu’à mon linceul.

    Un jour, j’écrirai ma catin de vie, 
    Préférant avouer tout ce que j’ai fait, 
    Et ce que l’on m’a fait, 
    Pour être avec les portes du néant en harmonie.

    Un jour, je dessinerai mes démons, 
    Au couteau sur les murs d’antan, 
    J’égorgerai ma mémoire devenue poison, 
    Arsenic ou Belladone est-ce si important ?

    Un jour, j’oublierai que je n’ai pas oublié, 
    Que mes cicatrices brûlantes ne cautériseront pas, 
    Que mon âme mutilée restera damnée, 
    Dans les méandres d’un présent devenu paria.

    Un jour, j’expliquerai mon histoire, 
    À un livre muet, 
    Je lui confesserai tous mes déboires, 
    Jusqu’à ce que mon sang soit en paix.

    Un jour, je soignerai les plaies de mon stylo, 
    Je panserai son encre avec des roses noires, 
    Je cesserai de répandre par lui, mon chaos, 
    Cette confusion d’émotions d’où jaillit le désespoir.

    Un jour, je vivrai à cent pour cent, 
    Sans cette mémoire du passé omniprésente, 
    Scellés dans ma boite de pandore par les liens du sang, 
    Et je respirerai d’une manière bienfaisante.

    Un jour peut-être…

     

    Malia Rigazzo. 
    Texte protégé - Tous droits réservés.

     

    Un jour peut-être


    votre commentaire
  • Il est tard...

    [Photo : Sulahn'nehn]

     

    Il est tard dans mon miroir
    Il fait cafard dans ma tasse de café noir.
    Je me suis laissée choir dans le tiroir
    Aux idées au beurre noir. 

    Bonsoir, songes batârds.
    Bienvenue au boudoir des cauchemars.
    Pensées macabres et cadavres de bon nectar.
    Nos déboires dans un rencard. 

    Serrer la mâchoire.
    Naviguer entre crachoir et défouloir. 
    Chercher l'étendard de l'espoir...
    Obtenir du bonheur aléatoire.

    Trouver le lupanar 
    Du passeur de désespoir.
    La vie devient brouillard.
    Vite un mouchoir ou une visite à l'abattoir.

    Croire aux chimères transitoires, 
    Aux désirs blasphématoires.
    Se retrouver au purgatoire, 
    Pour quelques coups de butoirs. 

    Le bonheur, ce couard !
    Le malheur, mon plumard, sexe barbare.
    Rentre chez toi connard.
    En moi, il fait déjà trop tard.

    Malia Rigazzo / Texte protégé - Tous droits réservés.

     

    Il est tard...


    votre commentaire
  • Casse-toi si tu veux mais ne reviens pas

    [Photo : ??]

     

    Je n'ai jamais retenu personne dans ma vie, pas même ceux que j'ai pu aimer. Ceux qui veulent partir le font et j'en ai vu un paquet d'âmes traverser ma vie, pas beaucoup des jolies, la mienne pas plus. Ça ne sert à rien, juste à se bousiller, on y arrive déjà très bien tout seul. Pourquoi s'aider ? Quelqu'un qui veut partir le fera ou restera par dépit, non merci. Déjà petite, je savais que personne ne m'était indispensable, ça n'a pas changé. Tu veux partir, tu pars. Sans regrets.

    Mais surtout, surtout, ne reviens pas. Je n'offre pas de deuxième chance, pourquoi faire ? Tu as fait ton choix, tiens-toi y. Je suis très rancunière et dans la rancune très mauvaise. Ce n'est pas parce que je t'aime bien que je tiens à toi et ce n'est pas parce que je tiens à toi que je t'aime. J'aime très très peu de monde, une main suffit à les compter. Et même eux, je ne pourrais pas leur pardonner. C'est comme ça, ça a toujours été comme ça. Avec moi il n'y a pas de "tu me prends, tu te casses, tu reviens". 

    Je ne perds pas de temps à recoller les choses cassées, j'en ai bien assez avec moi. Le passé est bien à sa place de passé. Je me suis tellement perdue dans ces tortueux labyrinthes que je ne me risque plus près de ces frontières. Les souvenirs ne s'effacent pas, ils demeurent indélébiles et j'ai un cerveau qui s'accroche qu'aux mauvais, il aime bien me torturer indépendamment de ma volonté. Ça pue la mort tout ça, et j'ai envie de vie. Tu m'excuseras.

     

    Malia Rigazzo - Texte protégé / Tous droits réservés.

    Casse-toi si tu veux mais ne reviens pas


    votre commentaire
  • Madame

    [Photo : Source non trouvée]

     

    Madame,

    J'accuse mauvaise réception de toutes vos inepties, laissez-moi vous présenter les miennes. J'ai mis du temps à vous répondre comme vous le voyez. J'hésitais entre en rire ou vous fusiller. Je m'enrage pour « que des mots », c'est vrai. Que des mots que j'ai gerbés sur le papier pour tenter de me sauver ou pour finir de me suicider à coup d'encre. Ce n’est pas bien important. Que des mots. C'est très péjoratif de réduire mes ruines d'âme qu'à ça, madame. Votre mari est mort ? Ce n'était qu'un homme, cessez de geindre ! Non madame, ce n'est pas plus déplacé que vos propos, les miens sont juste exagérés pour que vous compreniez ma douleur. On ne comprend que lorsqu'on a mal, pas vrai ?

     

    J'ai manqué de crever pour « que des mots », j'ai manqué d'en ressusciter aussi, toujours de peu. J'ai l'espoir fou de, peut-être, laisser mon empreinte à la postérité, qu'on m'y aime ou qu'on m'y méprise. Je ne suis pas bien exigeante, vous savez. Je ne recherche pas la popularité, madame, je n'ai pas besoin de ça pour me sentir quelqu'un. Vous savez, moi je fuis quand la foule est trop grande, je ferme tout et je disparais pour me cacher dans les trous noirs de mon existence. Non. Je cherche... ma part d'éternité dans l'éphémérité de mon temps ici bas.

     

    J'admets que c'est prétentieux comme projet que je construis avec mes crachats de vie, avec la bile de mon âme. J'écris avec mes tripes, avec mes couilles et ma bite même si je suis une femme et c'est peut-être pour ça que je cherche à enculer toutes ces petites starlettes en manque de gloire, qui chaque matin vont chercher qui elles vont être en piochant ci et là des morceaux de vie qui ne sont pas les leurs. Alors peut-être, oui peut-être, que je m'emballe pour rien parce que je suis folle et que je n'ai « que des mots » pour frôler ma vie et la heurter, la confondre et la bousiller.

     

    Vous savez, ça me passe au-dessus de la tête les insultes, les marques de mépris. Je hoche docilement la tête avec un sourire entendu aux mots « tu n'es qu'une merde », parce que vous savez quoi madame ? C'est toujours la merde que je suis qu'on vient déposséder de ses mots pour se les attribuer sans vergogne. C'est toujours la merde que je suis à qui on va lécher ses godasses de bouseuse, dans l'ombre pour récupérer mes liqueurs d'âme. Alors vous savez, ça me va d'être ce genre de merde-là. Une merde, mais intègre à moi-même au moins.

     

    Ne m'excusez pas si je veux immoler les voleuses et les catins. Ne m'excusez pas si je conchie les sots qui aiment se faire doigter avec les maux des autres. Je sais très bien ce que je fais. Et votre avis, madame, imaginez où vous pouvez vous le carrer. Je suis quelqu'un de tranquille, mais j'ai le sang très réactif, je décrasse mon cœur à faire gerber son âme avec « que des mots » et je brûlerais la cité des Dieux pour « que des mots ». Parce qu'ils sont les miens et ceux de personne d'autre.

     

    Cordialement, une merde.

     Malia Rigazzo / Texte protégé - Tous droits réservés.

     

    Madame...


    votre commentaire
  • L'amie de l'ombre

    [Photo : Francesca Woodman]

     

    Moi, je ne suis pas quelqu'un d'intrusive, 

    Dans les amitiés, je suis souvent caché derrière le papier peint, 
    Tapie dans l'ombre, et loin d'être possessive, 
    Mais je me ramène si tu as un pépin.

    Je passerais te faire des zoubix et te rappeler que je suis là si besoin, 
    Je ne te ferais pas la morale, ne demanderais pas ce qu'il se passe, 
    C'est à toi de voir si tu me donnes de ce pain, 
    Si tu veux, dans ton malheur, me laisser une place.

    Moi, je ne cherche pas les confidences, 
    Je sais qu'elles doivent venir de ta confiance, 
    Je ne viendrais pas te parler tous les jours et ça ne veut pas dire que je m'en fous, 
    Je n'aime pas déranger, m'incruster, c'est tout.

    Je suis l'amie de l'ombre, 
    Faites de silences et de décombres, 
    C'est vrai que je ne suis pas souvent là, 
    Mais toujours, toujours là quand ça ne va pas. 

    Moi, je serai là.
    Toi, n'oublie pas.

    Malia Rigazzo / Texte protégé - Tous droits réservés

     

    L'amie de l'ombre


    votre commentaire