• Je n'aime que...

    [Photo : Cammy Grace]

     

    Je n'aime que les gens brisés 

    Et les ratures dans mes cahiers.

     

    Je n'aime que les cœurs éreintés

    Et les histoires au passé compliqué.

     

    Je n'aime que les mots maudits et torturés 

    Et les maux d'un présent à recomposer.

     

    Je n'aime que la nuit et son parc étoilé 

    Et les promesses que la Lune m'y a susurré.

     

    Je n'aime que les loups affamés

    Et leurs mains, sur mes hanches, agrippées.

     

    Je n'aime que les lieux abandonnés 

    Et l'impression d'y être un peu comblée.

     

    Je n'aime que les cicatrices

    Et tout ce qui se cache entre les interstices.

     

    Je n'aime que les labyrinthes noirs

    Et de m'y retrouver quand je m'égare.

     

    Je n'aime que les âmes sans stratagèmes

    Et la lumière qu'elles sèment.

     

    Je n'aime que les choses hantées

    Et tout ce qu'elles ont à raconter.

     

    Malia Rigazzo.

    Texte protégé - Tous droits réservés.

     

    Je n'aime que...

     


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  • Tanguant sur le fil

    [Photo : Carolina Heza]

     

    J'suis qu'une petite humaine, 

    Qui de bêtises, a la tête pleine.

    Qui collectionne les fractures 

    Quand j'oublie que je n'ai pas la tête si dure.

     

    J'suis pas mauvaise, 

    Mais parfois le chaos ça pèse.

    Je me fais mal, je déconne

    Mais c'était ça ou je te cartonne.

     

    J'suis qu'une tête tiraillée, 

    J'suis qu'hume-haine, 

    J'écume mes peines

    Quand elles me laissent enrayée.

     

    J'suis pas une petite chose fragile

    Et j'suis rarement docile.

    Je mords plus souvent

    Que je n'étreins tendrement.

     

    J'suis qu'une folle d'âme, 

    Bonne et infâme, 

    Entre mes drames

    Et mes délires de pyromane. 

     

    J'suis pas une jolie poupée, 

    Je ne te dirais jamais

    "Je t'aime pour l'enfernité"

    Et j'suis même pas désolée.

     

    J'suis qu'un coeur en désacoeur,

    En désaccord avec les vaincoeurs

    Et les arnacoeurs,

    Tout ça m'écoeure. 

     

    J'suis pas une folle à lier,

    Ni une fille reliée,

    Je me faufile entre les deux files

    Tanguant sur le fil. 

     

    Malia Rigazzo.

    Texte protégé - Tous droits réservés.

     

    Tanguant sur le fil


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  • Tu as le droit

    [Photo : Sergio Cabezas]

     

    Tu as le droit

    De te perdre et d'en être aigre,

    De ne plus savoir qui tu es parfois,

    D'être le spectre qui se désintègre.

     

    Tu as le droit

    D'être trop sensible,

    D'être incompréhensible,

    De ne plus savoir quoi faire de tes dix doigts.

     

    Tu as le droit

    D'être agité par la houle,

    De toutes ces choses qu'on refoule,

    De tous ces maux qui broient.

     

    Tu as le droit

    De ne pas vouloir parler, 

    De ne pas savoir comment expliquer, 

    D'avoir perdu le mode d'emploi.

     

    Tu as le droit

    D'abandonner ta croix, 

    De choisir d'autres voies, 

    D'y marcher, maladroit.

     

    Tu as le droit

    De te tromper, 

    De recommencer, 

    Autant qu'il te plaira.

     

    Tu as le droit 

    De ne pas toujours être d'accord, 

    De tout envoyer dans le décor, 

    D'user ta voix pour ce que tu crois. 

     

    Tu as le droit 

    De pleurer, 

    De rester en boule, fatigué,

    De te sentir, dans ta chair, à l'étroit.

     

    Tu as le droit

    De rester couché, 

    Ou de te relever, 

    Quand cela te siéra. 

     

    Tu as le droit 

    D'être imparfait, 

    D'être un humain un peu paumé, 

    De ne pas être ce qu'on attend de toi.

     

    Tu as le droit

    D'être toi, 

    De tes failles jusqu'à tes ratures, 

    Les êtres parfaits ne sont qu'impostures. 

     

    Malia Rigazzo.

    Texte protégé - Tous droits réservés.

    Tu as le droit


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  • Juste des mots et des maux

    [Photo : Alberto Moschini]

     

    J'ai commencé à écrire sur les murs de l'oubli

    Puis sur ceux du silence,

    J'y relate les présences et les absences.

    Mes carences en matière de vie.

     

    Juste des mots, pas forcément jolis.

    Souvent couleur vomis.

    La vie, je ne sais pas la mâcher.

    Juste la recracher ou la dégueuler.

     

    Avant, je cherchais amour à tous les porcs.

    Aujourd'hui, je le rends par tous les pores.

    J'aime en me lassant.

    J'ai l'amour filant.

     

    Paraît que c'est la faute à mon cœur instable.

    Et ma tête pas beaucoup plus potable.

    Besoin de tout fuir, tout détruire...

    Juste pour écrire.

     

    J'ai commencé à écrire sur les murs des fantômes,

    Puis sur ceux des morts.

    J'y relate bizarreries et hématomes.

    Mes pensées qui, déjà, s'évaporent.

     

    Juste des maux, pas forcément beaux.

    Des morceaux de peau.

    La vie, je ne l'ai jamais trop compris.

    Ce n'est pas grave, je m'en fous, tant pis !

     

    Avant, je cherchais. 

    Aujourd'hui, plus rien à branler, 

    L'amour filant et le cœur en ciment,

    Pourquoi tu t'étonnes que je débarque en claudiquant ?

     

    Parait que c'est la faute à pas de chance,

    Si en large, de travers et à tort, c'est ma façon d'aimer.

    Je pourrais toujours être pire.

    Juste pour en rire.

     

    Malia Rigazzo. 

    Texte protégé - Tous droits réservés.

     

    Juste des mots et des maux


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  • Poupée de silence

    [Photo : Louise Jane]

     

    Je ne parle pas, je me tais. Je reste loin, je m'approche peu. Combien de fois a-t-on pu me le reprocher.

     

    "T'es distante. T'es silencieuse. Tu viens rarement discuter. Eh dis, t'es sûre que t'es encore en vie ? Tu peux le dire si t'en as rien à foutre."

     

    Comme si je m'étais gênée jusqu'à présent... Morte ? Je sais que je lutte en tout cas. Je lutte et me débats. Grimpe. Tombe. Et je me dis qu'il va falloir que je recommence encore. Ce n'est pas le sujet, c'est vrai.

     

    Solitaire par la nécessité des choses, puis ensuite par aspiration. Sans compter que je suis ceinture noire en foirage de relation. Je ne donne pas ce qu'on attend et je donne ce qu'on attend pas. J'aime bien rester dans mon coin, silencieuse et effacée. Contrôler les intrusions dans mon monde et contrôler mes intrusions dans celui des autres. Observer. Comprendre. Le genre humain ? Certains jours, je ne sais plus. J'suis pas sûre d'avoir jamais compris.

     

    J'aspire à la paix et au silence. Je gère mal les bavardages incessants, histoire de combler l'espace entre notre vide et l'écho du temps qui passe. Écouter l'autre qui s'écoute, se questionne et se répond. Et puis, on m'a tellement bâillonnée avec les mots que j'avais à dire, je ne sais que les écrire. L'instinct de se taire comme l'instinct de se protéger quand la violence lève le poing.

     

    J'aime être dans mon recoin de rien, de solitude et de silence, c'est encore le meilleur endroit que j'ai trouvé pour dépoussiérer les morceaux de mon âme. Ou ce qu'il en reste. J'savais pas que ça flambait si bien. À quoi sert-il de dire "se brûler les doigts" puisque ce n'est jamais ça qui part en fumée ? Puisque pour aller mieux on effrite son âme jusqu'en user la sève ?

     

    Pardon, je m'égare. Encore. Non, je ne sais pas. Je ne sais pas trop aller vers les gens, ceux à qui je tiens, ceux que j'aime bien. Je sais prendre des nouvelles de temps en temps, papoter 5 minutes. Être là quand ça ne va pas, régulièrement. Je ne sais pas faire plus. Tout me gonfle, vite. J'aimerais pourtant. Je sais être muette et oubliée. Par habitude. Par servitude. Application désuète, trop de modifications dans le code source et le système devient erroné.

     

    J'ai toujours été comme ça, ça a toujours été à prendre ou à se barrer. Fissa. Je ne change pas pour les gens. Je m'améliore pour moi. J'essaie. Je ne suis qu'une poupée cabossée. Mille fois cassée et pas souvent recollée. Les poupées ne parlent pas. Les poupées se brisent et meurent.

     

    La communication a toujours été mauvaise depuis l'autre monde.

     

    Malia Rigazzo.

    Texte protégé - Tous droits réservés.

     

    Poupée de silence

     


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